Zagourski Casimir

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1883-1944

A l’hiver 1924, Casimir Ostoja Zagourski quitte l’Europe et sa carrière dans l’armée impériale russe pour l’Afrique. A 40 ans, il cherche l’aventure et le dépaysement. Il s’installe dans la capitale du Congo Belge, Léopoldville, et ouvre un studio photographique où il va rapidement rencontrer le succès auprès des autorités coloniales qui le chargent de photographier plusieurs évènements officiels.

Comme ses contemporains, Zagouriski est conscient de vivre les derniers instants d’une Afrique épargnée par la modernité : en 1924 la mission Citroën rapporte 27km de film et 6000 photos. Cette mission est soutenue par la Société de géographie qui déclare à l’époque : « la tâche la plus urgente qui incombe à l’heure actuelle à tous les voyageurs, est de noter par tous les moyens possibles, en particulier par la photographie et le cinéma, les types anthropologiques et les mœurs ». Dans cette même lignée, Zagourski s’attache à documenter les peuples et leurs coutumes. Il réalise ainsi de nombreux clichés lors d’expéditions qu’il organise en AEF, Rwanda, Kenya et Tanganyika. Il rassemble ces clichés dans de prestigieux albums intitulés : L’Afrique qui disparait !, déclinés en nombre limité et tous différent avec une couverture en cuir embossé ornée d’une tête d’éléphant. A côté de ces œuvres de prestige, il réalise de petits formats avec au dos une carte postale. Ces cartes postales sont des véritables outils de mémoire et de sauvegarde, répandant dans l’Europe coloniale une vision de l’Afrique rêvée sur le point de disparaitre.

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Cet attachement à la sauvegarde de cette Afrique par la photographie se voit dans la frénésie de Zagourski a photographié presque selon une méthode sérielle portraits, robes, ornements, scarification, coiffures, danses, masques, architectures, paysages, etc. Cette approche ethnologique, s’éloigne pourtant d’un simple regard scientifique, frontal, descriptif, pour des images en noir et blanc avec un travail de la lumière précis, des compositions équilibrées et un regard empathique et proche de ses sujets. Il les anoblit par ces photographies qui évoque presque des peintures, sa qualité d’impression et son travail d’édition.

Sa réputation grandit rapidement et 60 de ces photos tableaux sont présentés dans le pavillon belge de l’Exposition Internationale de Paris de 1937. Encore une fois, Zagourski attache un soin particulier à l’impression de ces photographies tirées sur papier photographique velours qui apportent grain et moelleux à la photographie.

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Sa collection exceptionnelle réalisée entre 1924 et 1944 (date de sa mort à Léopoldville), est marquante par son ampleur, la qualité de ses photographies mais aussi pour le témoignage qu’elles apportent. La Maison de la Photographie de Marrakech présente une sélection de la collection « l’Afrique qui disparait ! ». Cette sélection veut montrer la diversité du travail de Zagourski mais aussi la qualité exceptionnelle de ses photographies. De ces portraits, où chaque cadrage est choisi spécifiquement pour le sujet, à ces paysages, où la lumière anime la composition, l’Afrique qui disparait ! est une collection exceptionnelle d’images d’un monde sur le point de disparaitre.